#Infrastructure
27/10/2020
La pénurie des puces électroniques que nous connaissons depuis quelques mois ne cesse de faire ressentir ses conséquences sur le monde de l’industrie. Pénurie liée au Covid ou causes diverses ? Jean-Pierre Raskin, professeur en micro-électronique à l’Université catholique de Louvain, nous a partagé les secrets de cette crise mondiale et ses enjeux économiques dans notre société techno-libérale.
Vous l’aurez remarqué, le smartphone est présent partout. Entre messages envoyés, vidéos visionnées ou photos prises, les technologies jouent un rôle clé dans notre vie quotidienne, par la réalité qu’elle nous fait partager.
Depuis des années, ces technologies ne cessent de croître, permettant ainsi aux objets électroniques de se connecter au réseau ou entre eux, sans intervention humaine.
Mais derrière cette croissance se cache une réelle évolution de la société. Non seulement la fabrication de ces objets demande la présence d’une suite de matériaux, mais ils sont également très demandeurs de ressources.
« Dans 2-3 ans, nous parlerons de 50 à 60 milliards d’objets connectés »
Bien que la croissance de fabrication des objets connectés ne cesse d’évoluer, nous comptons, aujourd’hui, déjà près de 30 milliards d’objets, soit plus ou moins l’équivalent de 4 smartphones par personne.
A cette fabrication, s’ajoutent les données, sans lesquelles la création d’objets connectés n’a aucune valeur ajoutée. Nous parlons actuellement d’une croissance de données de 46% par an.
Les fonderies représentent le point névralgique de fabrication des puces micro-électroniques. Elles permettent de fondre, sublimer et déposer des fines couches de métal, ainsi que des diélectriques pour en créer un objet, ici, les puces.
TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) est un exemple concret de fonderie. Elle permet la fabrication de 55% des puces électroniques du monde entier au sein de ses 15 usines, toutes réparties à Taiwan.
Dans ces usines, les étapes de fabrication sont nombreuses (1200), avec pour seul objectif de créer des puces plus petites mais toujours plus performantes.
Vous l’aurez compris, bien que le marché de la micro-électronique se porte bien avec une croissance de 9% par an, l’empreinte énergétique du domaine subit une augmentation de 16% chaque année, bien loin des accords de Paris, dont les recommandations s’orientaient vers une diminution de l’empreinte écologique de 5% par an par activité.
Parts de marché de production des puces par société et pays
Au travers de ce graphe, nous constatons que Taiwan représente le vrai leader en matière de production des puces électroniques, suivi par la Corée du sud avec le groupe Samsung. L’Europe, quant à elle, ne détient que 12% du marché productif.
Cette répartition du marché a-t-elle toujours été comme ça ?
Les prédictions pour les 10 années à venir témoignent d’un investissement constant pour la Chine, Taiwan et la Corée du Sud. Dans les années 90, l’Europe et les Etats-Unis détenaient tous deux la première place de fabrication des éléments électroniques, avant de fermer les usines classées comme étant les plus polluantes.
Les conséquences de la pénurie sont importantes. Pourtant, peu de gens connaissent réellement les origines de cette crise. Nous vous en expliquons quelques-unes :
Les raisons sont diverses mais le coût d’accélérateur sur la consommation high-tech et la digitalisation forment ici les principales raisons de cette pénurie. Force est de constater que la consommation de nouvelles technologies par les hommes ne cesse de croitre et évolue encore de jour en jour depuis une dizaine d’années.
Pour ce qui est de la fin de cette crise mondiale, nous pouvons espérer en sortir fin 2023, début 2024. Bien que le chemin paraisse encore long, certaines conséquences se sont déjà fait ressentir dans le monde l’industrie, notamment :
Pour pallier à ces manques du monde industriel, l’Union Européenne a décidé d’investir dans différents domaines :
En conclusion, certaines transitions se doivent d’être applicables vers des technologies appropriées pour des raisons économiques, environnementales… L’Europe doit continuer ses investissements, transformer le système de production vers une économie plus verte, annoncer un pouvoir législatif comme levier de changement pour soutenir les plus fragiles… et enfin sortir de cette pénurie des puces électroniques !
N’hésitez pas à revoir l’intégralité de notre webinaire !